mercredi 2 décembre 2009

Piscines : Cinq points à améliorer

- Le chauffage

Le chauffage de l'eau des bassins est le premier poste de dépense. Par rapport aux années 1970, le Français est devenu plus frileux et ne trempe ses pieds que dans des eaux à plus de 30° C. Or chaque degré en plus dans le bassin exige 8 % à 10 % d'énergie supplémentaire. De gros efforts d'économies ont déjà été faits, mais il s'agit maintenant de s'attaquer aux émissions de carbone des chaufferies. Plusieurs piscines récentes ont trouvé une solution du côté des chaudières à bois. Pour Rémi Kervadec, gérant du bureau d'études Ethis, cette solution peut faire économiser jusqu'à 75 % de gaz à effet de serre pour un coût global divisé par deux. Les capteurs solaires thermiques servent dans plusieurs cas de chauffage d'appoint. La piscine olympique de Villeurbanne utilise 1.100 m2 de capteurs pour préchauffer l'eau des bassins. Le solaire thermique remplit jusqu'à 70 % des besoins de chauffage des eaux sanitaires, soit 15 % de la consommation totale. Les nouveaux programmes insistent systématiquement sur l'isolation des bâtiments, même si certains projets continuent de promouvoir les toits rétractables, moins étanches.

· L'électricité

La facture explose depuis trente ans. Le moteur-pompe avalait alors un tiers de l'électricité totale. Aujourd'hui, les moteurs représentent la moitié de la facture d'électricité, loin devant l'éclairage. Entre-temps, le nageur s'est entiché des bassins à bulles, des vagues artificielles, des toboggans, autant d'animations qui fonctionnent avec des pompes. Et puis les procédés de traitement de l'eau, qui absorbent 80 % des puissances, se sont sophistiqués pour purifier toujours plus. Les spécialistes recommandent désormais l'exploitation d'une gestion technique centralisée, de variateurs de puissance sur les moteurs et des modes de traitement plus sobres.

· Le volume d'eau

Au-delà de l'énergie, les meilleurs chantiers ciblent également la réduction des quantités d'eau. La situation n'est plus celle des années 1980, quand de nombreuses piscines ignoraient jusqu'à leur consommation. Pour autant, le traitement classique consomme encore beaucoup d'eau, des dizaines de mètres cubes quotidiens. La réglementation impose de renouveler chaque jour 30 litres par baigneur et par jour avec de l'eau potable. En réalité, pour respecter les plafonds sanitaires (bactéries, pH, sous-produits du chlore), les gestionnaires dépassent les 120 litres par baigneur, auxquels il faut rajouter une trentaine de litres pour la douche.

En plus de ce renouvellement, l'eau des bassins traverse toutes les quatre heures un filtre à sable qu'il faut ensuite laver à eau perdue. Bernard Boulle s'emporte, lui, contre l'obligation des vidanges complètes tous les ans qui n'existe pas dans d'autres pays. « Il existe plusieurs technologies, comme le traitement à l'ozone ou l'ultrafiltration, qui permet de réutiliser l'eau de lavage des filtres avec des gains de 60 % », assure Rémi Kervadec. Mais les règlements de la DDASS, très orientés « chlore », ne permettent pas encore d'exploiter pleinement ces techniques. A terme, les spécialistes estiment réaliste de travailler en boucle fermée, à l'évaporation de l'eau près. La récupération de l'eau de pluie ou des eaux sanitaires s'étend également. A Yerres, dans l'Essone, une piscine exploite 7.000 m3 d'eaux grises par an en sortie des 53 douches. Après trois cycles de traitement, l'eau est recyclée dans les chasses d'eau ou sert au lavage du bâtiment.

· Les traitements chimiques

Le chlore a l'avantage d'être un désinfectant très efficace. C'est aussi un polluant, car le composé se combine dans l'eau avec la matière organiques produite par les baigneurs et relâche dans l'air des sous-produits comme les chloramines. L'observatoire de la qualité de l'air intérieur (Oqai) rappelle qu'il s'agit de produits toxiques et irritants qui peuvent augmenter les risques d'asthme, de bronchite chronique et de rhume des foins. Les nouveaux traitements réussissent à limiter fortement les doses de chlore. Emmanuel Coste a convaincu la DDASS d'accepter pour la première fois un système d'ultrafiltration pour un projet en Alsace.

· Les comportements

Certaines piscines profitent de leur forte fréquentation pour sensibiliser leur public aux économies d'eau et d'énergie, en dissuadant les baigneurs de s'endormir sous la douche par exemple. Un peu de pédagogie suffit à justifier une eau de bassin moins chaude. Pour diminuer le traitement de l'eau, Rémi Kervadec propose un autre changement de comportement : « Il vaut mieux que les baigneurs se lavent avant la baignade qu'après, pour limiter la pollution de l'eau. » Certains pays nordiques imposent déjà cette pratique de bon sens, savonnage tonique et nudité à la clef dans les douches.

Source : M.Q., Les Echos

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