samedi 11 juillet 2009

La chloration de l’eau est-elle vraiment inoffensive ?

L’accord récent entre l’Union européenne et les Etats-Unis vient de mettre fin à la guerre du bœuf aux hormones qui ne sera pas importé en France du poulet américain traité au chlore. En effet, les Américains utilisent des bains de chlore pour éliminer les microbes pathogènes présents sur la viande des poulets élevés sans précaution d’hygiène. Les doutes portent sur les résidus chlorés qui resteraient présents dans la viande suite à l’action du chlore.

Sommes-nous vraiment à l’abri de ces résidus chlorés ?
En effet, si le poulet chloré nous paraît une aberration, nous acceptons sans la moindre arrière pensée de consommer tous les jours une eau plus ou moins chlorée délivrée au robinet. Le chlore est absolument indispensable pour maintenir l’état sanitaire de l’eau qui circule dans des canalisations d’un réseau vétuste, ne pouvant être nettoyé et de ce fait pouvant contaminer l’eau potable. Le chlore, même s’il n’élimine pas tous les pathogènes, (par exemple les cryptosporidium et les giardia sont des organismes pathogènes résistants), est utilisé avec succès depuis prés d’un siècle et a permis de diminuer considérablement les maladies liées à l’eau à travers le monde. Néanmoins, on peut s’interroger sur l’effet à long terme de l’ingestion régulière de cette molécule très réactive.

Les conclusions de l’Invs :

Un rapport de l’institut de veille sanitaire daté de 2008 a été passé sous silence bien que ses conclusions soient pour le moins inquiétantes. Il faut en effet savoir que le chlore libre utilisé pour désinfecter l’eau réagit avec la matière organique présente dans les eaux brutes et donne naissance à des dérivés qui restent présents dans l’eau. L’étude présentée dans ce rapport décrit l’évolution de trois familles de sous-produits de chloration (les trihalométhanes, les acides haloacétiques et les haloacétonitriles), observée dans quatre réseaux d’eau français en 2006 et 2007. Concernant les trihalométhanes les concentrations doublent en moyenne entre l’usine et le robinet. En effet, le chlore libre s’évapore dans le réseau. Aussi du chlore est réinjecté dans certains points des canalisations.

La chloration de notre eau n’est pas maîtrisée :

La réglementation française impose une valeur limite sur les trihalométhanes dans l’eau potable. Mais la majorité des contrôles sont effectués en sortie d’usine de traitement et non sur le réseau. La réglementation sur l’eau potable ne définit d’ailleurs pas un niveau précis de chlore limite acceptable. Les seules recommandations sont mentionnées dans le plan Vigipirate qui impose une teneur minimale en chlore libre de 0,3 mg/L à la sortie des usines de traitement. Globalement, il apparaît que la maîtrise de la teneur en chlore dans le réseau est peu fiable. Ce qui provoque des risques de sous-dosage qui donne lieu à des épidémies de gastro-entérites dans la population ou encore à des surdosages dont les conséquences sont mal évaluées au niveau des sous-produits.

Risques de cancer pour l’homme et dangers pour les femmes enceintes :

En effet, des études épidémiologiques ont montré une association entre les sous-produits de chloration présents dans l’eau potable et certains cancers chez l’homme, notamment de la vessie et du colon. Le manque de cohérence entre les études empêche cependant d’établir corrélation correcte entre la dose et l’effet. Il est difficile de mesurer l’exposition de la population, rendue difficile par le nombre de voies d’exposition impliquées et les variations importantes des concentrations dans les réseaux d’eau. Mais aujourd’hui aucune étude d’envergure et indépendante n’a été mise en œuvre par les autorités.
D’autres risques ont été évoqués outre-Atlantique, au moins dix études épidémiologiques semblables, incluant une étude canadienne de l’Université de Dalhousie, ont démontré des risques élevés de problèmes à la naissance et de fausses couches chez les femmes buvant de l’eau du robinet chlorée.
On ne connaît pas les effets à moyen et long terme de la consommation d’une eau chlorée. Mais il est temps que les consommateurs soient mieux informés des risques potentiels. Évidemment, on peut comprendre que les municipalités et les sociétés de traitement des eaux brutes ne souhaitent pas mettre en avant ce type de risques puisqu’ils vantent la qualité de leur eau afin d’en accroître régulièrement le prix. S’il cette consommation devait être limitée, notamment pour les femmes enceintes, cela risquerait de remettre en cause ces hausses de prix.

Les piscines chlorées favorisent-elles le développement de l’asthme chez les bébés nageurs ?

Les maîtres nageurs ont obtenu que les maladies liées aux piscines chlorées (syndrome de Brooks, asthme, insuffisances respiratoires) soient reconnues comme des maladies professionnelles. Mais quel est l’impact de ce chlore sur les bébés nageurs ? Les résultats d’une étude menée par l’équipe du Professeur Bernard à l’Université de Louvain sont probants. Ce dernier a étudié une population de 341 enfants âgés de 8 à 12 ans, parmi lesquels 41 ex-bébés nageurs : « 16,3% des anciens bébés nageurs avaient un asthme diagnostiqué, contre 7,7% des autres enfants. 9,3% présentaient un asthme à l’effort contre 3,7% chez les autres enfants. Enfin, 6,5% des ex-bébés nageurs avaient présenté des épisodes récurrents de bronchite, contre 3,7% des autres enfants ».

Source : www.agoravox.fr

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